Je reprends cet article du site Donde Vamos, spécialisé sur la pédocriminalité. Je reprends cet article, car déjà son titre est un appel à une prise de conscience majeure (appel déjà lancé sur notre site). Je reprends cet article car le parcours de cette femme, Anneke Lucas, victime des réseaux est purement incroyable : l’horreur qu’elle a vécue, la chance d’y survivre, et l’incroyable capacité à parler et raconter ce qu’elle a vécu. Ce destin est un des plus incroyable qui soit, et si son témoignage est arrivé jusqu’à nous c’est pour accomplir un dessein encore plus grand, celui d’abattre, dans le monde entier toutes les élites pédocriminelles qui gouvernent encore aujourd’hui le monde à l’heure où je reprends cet article.
Âmes sensibles, ne vous abstenez pas, lisez, souffrez, comprenez, partagez car l’heure de la vérité est proche, et toute personne vivante sur cette planète devra bientôt ouvrir les yeux sur cette horrible réalité !
Anneke Lucas, une survivante du réseau pédophile belge devenue professeur de yoga aux États-Unis, a écrit un livre sur cette période de sa vie. Depuis quelques années, elle dénonce le système pédophile, les réseaux et le système de corruption qui va avec. Dans plusieurs interviews récentes, elle explique qu’elle continue à ajouter des pièces manquantes au puzzle de sa vie, et a compris très récemment à quel point ses tortionnaires étaient des gens puissants.
Certains passages du texte ont été adaptés suite à un entretien avec Anneke Lucas
Anneke Lucas raconte très bien cette sorte de routine, presque silencieuse, quand sa mère l’emmenait le soir dans diverses villas, manoirs, châteaux et autres appartements de luxe, parfois des bars, où des partouzes avaient lieu avec des gens du gratin. Sa mère n’avait pas un mot à dire : l’enfant savait ce qu’il allait se passer, d’ailleurs elle en était effrayée, et elle savait comment elle devait se comporter pour ne pas déplaire à sa mère.
« Aux orgies autour de Bruxelles, que ce soit dans des bars, des villas ou des châteaux, vous ne savez jamais ce qu’il peut arriver. L’atmosphère de Bruxelles était sanguinaire. Le réseau, parce que c’est ma réalité et que je dois le savoir, est une partie de l’ombre qui ne peut pas être connue« , écrit-elle dans son livre.
Comme l’ont dit d’autres victimes de ce type d’abus, Anneke explique qu’elle avait tellement peur lors des violences, que son esprit se fixait sur un tas de détails, sur le trajet, sur les lieux des faits, sur les attitudes des pervers…
Dans le livre, l’auteure parle surtout des années 1973 et 1974, quand elle avait 10 et 11 ans, mais les abus graves ont commencé avant. Dans un message sur Facebook en novembre 2018, elle explique qu’à l’âge de 9 ans, elle a été amenée depuis la Suisse jusqu’à l’aéroport JFK à New York dans un jet privé, sans passer par la douane.
Elle écrit qu’elle a été envoyée ainsi sur la côte est des Etats-Unis, en Suisse, en Allemagne, en France, et bien-sûr en Belgique. Elle a été utilisée plus de cinq ans dans ce réseau, qu’elle a d’abord décrit comme une sorte de « club » très fermé d’hommes adultes où drogue et alcool circulaient à foison, et où « les enfants étaient une marchandise« .
mk-polis2.eklablog.com/anneke-lucas-su… Anneke Lucas est née en 1963. C’est une femme d’affaire belge, fondatrice du Liberation Prison Yoga (un organisme à but non lucratif fondé en 2014 visant à traiter par le yoga et la méditation les traumatismes physiques et psychologiques des personnes incarcérées).
https://gloria.tv
« Mon pays d’origine est en train d’étouffer sous une lourde couverture appelée déni. Sous cette couverture, des enfants sont violés, torturés et tués. Cela affecte l’atmosphère du lieu. Les personnes sensibles se rendant sur place sentent que quelque chose ne va pas« , écrit-elle sur son blog. Et c’est vrai, que l’ambiance nocturne de nombreux lieux en Belgique inspire la méfiance malgré une apparence à première vue « festive ». Ce décorum festif, parfois même se voulant un peu classe, dissimule à peine une réalité qui peut être absolument sordide.
Le même réseau que celui de l’affaire Dutroux
Anneke Lucas est donc née en Belgique en 1963, et les faits qu’elle décrit se passent au milieu des années 70. Elle évoque des personnages, des lieux qui sont également cités dans le tentaculaire dossier de l’affaire Dutroux. En fait, son témoignage permet d’observer le « réseau politico pédophilo affairiste » belge de l’époque sous un nouvel angle.
Anneke Lucas mentionne Braine l’Alleud, par exemple, Knokke, Anvers, Bruxelles ou Faulx-les-Tombes, où se trouve un château où diverses partouzes ont été organisées par Nihoul et sa bande à l’époque, et qui hébergeait aussi des groupes scolaires lors de « classes vertes ».
Elle cite aussi « Pépé », « le plus grand boss, le plus grand sadique, ministre, fumeur de pipe », qui était souvent présent lors des orgies et semblait avoir le dessus sur tout le monde. Cette description correspond à celle de « VDB » (Paul Vanden Boeynants), qui fut ministre de la Défense en 1974, proche de l’extrême droite et des réseaux de l’OTAN, cité également par Regina Louf et plusieurs témoins de l’affaire Dutroux. Elle parle encore d’un procureur général proche de « Pépé », ou encore d’un Italien croisé lors de quelques « soirées », qui s’appelait Giulio et n’est pas sans rappeler un certain Giulio Andreotti, premier ministre durant des lustres, membre de la loge affairiste P2 et proche de « VDB »…
Elle cite également un personnage qui semble correspondre à Jean-Michel Nihoul, le complice de Dutroux qui n’a été condamné que pour un trafic d’ecstasy et une association de malfaiteurs, mais qui n’a officiellement pas été relié aux enlèvements commis par Dutroux, cela au terme d’une interminable procédure saucissonnée et progressivement vidée de sa substance. Ledit Nihoul est mentionné par Anneke Lucas. Selon elle, comme selon différents témoins entendus dans le cadre de l’affaire Dutroux, il était présent dans les orgies, dans les années 70.
Anneke Lucas raconte ces soirées qui se déroulent, pour les pervers, comme des « jeux ». Par exemple, on lui demande, à 10 ans, lors d’une soirée, de « choisir » quel pervers va la violer en premier. Puis c’est Giulio qui la « choisit » et elle doit s’ « occuper de lui ». Apparemment, le type aimait se faire uriner dessus et les pratiques masochistes.
C’est lors d’une de ces soirées, quand elle avait 10 ans, qu’elle a croisé un jeune type âgé d’environ dix ans de plus qu’elle, membre du réseau. Une relation démarre, toujours, bien-sûr, dans la violence la plus totale, avec ce décalage surréaliste entre cette relation pédophile normalisée dans le réseau, mais qui selon nombre de citoyens devrait envoyer le pédophile en prison pendant au moins 20 ans.
Elle explique que cette « relation » posait un problème, car Anneke a été moins sollicitée pour les partouzes pendant quelque temps. Le jeune homme s’appelait Patrick, et il semble qu’il s’agit de Patrick Haemers, qui fut arrêté pour des braquages, puis pour avoir organisé l’enlèvement de Vanden Boeynants, et trainait surtout dans le milieu des partouzes, selon des témoins de l’affaire Dutroux.
Haemers s’est notamment trouvé derrière la mise en œuvre de l’enlèvement en 1989 de Vanden Boeynants, durant quelques jours. Un enlèvement qui selon Etienne Delhuvenne, l’avocat d’Haemers, était commandité par un homme d’affaires belge concurrent de VDB, qui aurait versé 5 millions de francs belges à Haemers. Delhuvenne [1] a déclaré en janvier 2019, tout récemment donc, que le « suicide » de Patrick Haemers dans sa prison en mai 1993 arrangeait ce commanditaire [2] et ses amis. On reprochait à Haemers une série de braquages, qu’il a dit ensuite avoir commis « pour des raisons politiques », un peu comme le gang des lyonnais en France.
Le père de Patrick Haemers, Achille, était un patron d’entreprises qui traînait dans les mêmes lieux de partouzes à Bruxelles que Nihoul et des policiers, magistrats et politiques proches ou impliqués dans le réseau belge. D’ailleurs, Anneke Lucas présente Patrick comme un fils de bourgeois, qui roulait en Porsche ou en BMW. Achille Haemers fréquentait d’ailleurs régulièrement Nihoul depuis « 1974-1976 », selon les déclarations de Nihoul aux enquêteurs de la PJ de Bruxelles, même s’il a pu enlever quelques années à leur amitié.
L’ex-femme d’un pédophile condamné qui grenouillait dans les milieux de la pédopornographie, Raymond Corvillain, a confirmé aux enquêteurs les liens entre son mari, Nihoul, Achille Haemers et un dénommé Serge Frantsévitch, et les étranges discussions sur l’importation de chevaux « blancs et bruns, chers mais bons et jeunes« . Selon elle, après avoir vu l’affaire à la télé, il s’agissait d’enfants [3]. Cette femme a également déclaré, comme le rapporte le quotidien la DH, que Corvillain « procurait des enfants à Dutroux, à Nihoul, à l’armurier de Haemers« , et que Dutroux était venu plusieurs fois au domicile familial. Frantsévitch était aussi lié à l’avocat d’Haemers, Delhuvenne, et la justice belge les soupçonnait d’être « complices de sociétés- écrans destinées à camoufler des bénéfices tirés du commerce de cassettes pédophiles« . Frantsévitch était aussi lié à Jacques Monsieur, le célèbre trafiquant d’armes belges, très à droite lui aussi, arrêté aux Etats-Unis et condamné en octobre 2018 à 4 ans de prison et 1,2 million d’euros d’amende « pour une dizaine de ventes illicites d’armes et de matériel de guerre, entre 2006 et 2009 » [4].
Patrick Haemers est également relié par divers témoins aux protagonistes des tueries du Brabant, une série de massacres par armes à feu commis entre 1982 et 1985 dans des supermarchés, des armureries, des restos, et qui sont liées à l’extrême droite et aux réseaux Gladio locaux [5]. « Après deux commissions d’enquête et trois décennies de recherches, les auteurs de cette vague de braquages et d’assassinats commis entre 1982 et 1985, qui ont fait 28 morts, dont des enfants, n’ont toujours pas été identifiés. L’intention des tueurs du Brabant n’a jamais été déterminée non plus« , résume la presse belge.
Dans un post sur Facebook du 28 septembre 2018, Anneke Lucas écrit que Patrick Haemers, qui l’a sauvée du réseau en lui permettant d’avoir la vie sauve, lui a fait des recommandations parmi lesquelles quitter le pays : « tu ne voudrais pas être là dans les années 80« , lui aurait-il dit. En tout cas, elle a suivi son conseil. Et elle relie Haemers aux tueries du Brabant, cette série de massacres de civils qui ont eu lieu au début des années 80.
Ce réseau n’hésitait pas à massacrer des enfants, et Anneke Lucas mentionne un petit garçon blond d’environ 7 ans, torturé et tué lors d’une orgie. Elle évoque un « petit groupe d’aristocrates » belges, donc, « qui violaient, torturaient et tuaient des enfants. Ce groupe était si violent que les enfants ne pouvaient pas survivre à leur rencontre avec ces hommes ». Elle parle de « chasses » au cours desquelles des enfants étaient tués par balles, de pratiques qui relèvent de ce qu’on appelle Daesh, c’est-à-dire l’horreur absolue.
Sur l’organisation du réseau
« Nihoul est l’intermédiaire entre les parents, les souteneurs, les pédophiles et ‘pépé’. Il organise tout dans les orgies, court sans relâche pour faire plaisir à tous les gros bonnets« , m’a précisé Anneke Lucas lors de l’entretien vidéo. Ce qui correspond parfaitement aux déclarations d’autres témoins de l’affaire Dutroux. Nihoul connaissait tout le monde, il avait même géré la communication lors de plusieurs élections locales à Bruxelles [6]. Il connaissait le gratin et les truands.
D’après ce que décrit Anneke Lucas, dans son cas Nihoul jouait un peu le rôle de maquereau en chef.
Parfois il pouvait y avoir plusieurs enfants, qui tous savaient comment agir, et surtout ce qu’il ne fallait pas faire, lors des soirées sadiques. Ces enfants pouvaient être ceux des aristocrates qui partouzaient, venir de foyers ou d’autres familles, mais aussi de l’étranger (elle parle notamment d’un garçon marocain d’une douzaine d’années).
Dans le réseau, il y avait les habitués et les occasionnels, parfois des gens de passage. Tout le monde n’assistait pas à la totalité de la soirée.
Anneke Lucas écrit qu’elle se doute que tout cela est incroyable pour beaucoup de gens. Comment ces gens en arrivent-ils à déshumaniser des enfants à ce point, à en faire de simples objets sexuels ? Ces gens qu’on voit à la télé, qui nous font la morale, qui se drapent si facilement dans cette vertu qu’au final, ils n’auraient pas ?
« Et si c’est ce qui se passe au sommet, si les rassemblements les plus exclusifs et les plus enviés des VIP servent de couverture à certains des crimes les plus odieux de la planète, qu’est-ce que cela signifie pour la société? Qu’est-ce que cela dit de tous ceux qui parmi nous cherchent à gravir les échelons jusqu’au sommet ? », interroge Anneke Lucas, « L’escalade est-elle une tentative de donner un sens à sa vie pour celui dont l’âme est morte ?« .
La question se pose en effet. Car il semble que plus on monte dans la hiérarchie dans certains milieux, plus ce genre de pratique se banalise. Et ce que dit l’auteure est très intéressant, car il semble aussi que tout ce cela, ces orgies, ces réseaux pédophiles, ne sont pas un but mais un moyen :
- De corrompre des personnes utiles
- De masquer d’autres magouilles, notamment les détournements massifs d’argent par une certaine classe politico-affairiste.
En effet, la justice, lorsqu’elle est confrontée à une affaire de réseau pédophile, surtout s’il implique des personnalités, n’ira pas chercher plus loin. Derrière, il sera donc assez facile d’organiser, par exemple, du trafic d’armes ou de drogue, des marchés truqués, de la fraude fiscale à grande échelle.
Cependant, l’horreur peut aller très loin. Il y a une part de sadisme, de toute-puissance, mais aussi une part calculée, qui tient semble-t-il de l’endoctrinement, aussi bien pour les victimes que pour les membres du réseau, quels qu’ils soient. Anneke Lucas raconte par exemple une scène qui semble impliquer Nihoul : » Il est allé dans la cuisine. Après quelques minutes il est revenu, avec des gants de cuisine, amenant une énorme plaque à pâtisserie en métal. Je pouvais sentir la viande, mais pas en identifier la sorte. Ca sentait mauvais. Il l’a déposé. Des fesses. Presque noires avec des trucs sanglants rouges- horrible. « Maintenant, je vais essayer de les remettre ensemble pour toi ». Il a couru à l’intérieur et est revenu avec un second plateau qu’il a aligné avec le premier dans le milieu de la table rectangulaire. Le second plateau avait la tête et les épaules. D’un garçon. Les joues creuses et la peau rétrécie, carbonisées à l’exception de quelques taches de cheveux blonds. Morceau par morceau, il a assemblé le puzzle jusqu’à ce que tout le cadavre soit disposé, avec les maigres membres noircis. »
Anneke Lucas écrit qu’elle a été forcée à assister à plusieurs séances de tortures suivies de meurtres : des enfants, des adolescentes… Anneke a expliqué lors d’une vidéo sur Collective Evolution de meurtres d’enfants. Elle explique avoir été elle-même forcée à tuer une fillette. Elle savait que c’était pour qu’elle se sente coupable pour le reste de sa vie, et cela a marché. « Je sentais que j’étais moi même un tortionnaire, » explique-t-elle, « Mais j’ai toujours agi dans les différentes situations pour faire le moins de mal. Je savais que si je disais non ce serait pire« .
Ce passage peut sembler incroyable, d’autant que Nihoul se pavane toujours dans les médias, se posant en victime du système judiciaire [7] et de la vendetta populaire. Nihoul se plaint beaucoup, mais il y a énormément de choses surréalistes dans le traitement de son cas, notamment le fait qu’on n’est pas revenu sur son alibi pour l’un des enlèvements de victime de Dutroux, alors qu’il a été prouvé que cet alibi ne tenait pas. Et ces témoins qui l’ont reconnu comme étant présent lors de diverses partouzes en présence de mineures… Par ailleurs, il est clair que Nihoul fréquentait les personnes citées par Anneke Lucas, personnes au sujet desquelles divers témoignages à charge concordent parfaitement.
Anneke raconte un épisode où « Pépé » et un certain Jean dirigeaient une séance en présence d’une dizaine d’enfants. On leur a tous donné un lapin, et « Pépé » leur a demandé « qui doit avoir la vie sauve ? Toi ou le lapin ?« , et Anneke explique qu’elle a dû tuer son lapin en premier, les autres enfants après elle. S’ils ne donnaient pas la bonne réponse, les enfants risquaient d’être massacrés à la place du lapin.
La mère d’Anneke, qui était en fait une maquerelle, était quelqu’un d’apprécié en société. Personne dans l’entourage de la famille ne se serait douté une seconde de ce qu’il se passait dans l’intimité. Il s’agissait d’une femme psychorigide, décrite comme une psychopathe par sa fille, manipulatrice et autoritaire. Elle décrit une mère qui considérait sa fille comme une rivale, qu’il fallait maintenir la tête sous l’eau.
Cette mère, une fois qu’elle l’avait déposée en voiture à l’entrée des villas, ne voulait rien savoir. Elle pouvait aussi bien la laisser quelques jours chez des gens, qui en faisaient ce qu’ils voulaient ou presque. Cette femme était, selon sa fille, dans le déni le plus complet. Selon Anneke, sa mère voulait se faire bien voir dans la haute société, en l’occurrence les meneurs du réseau, quel qu’en soit le prix finalement. Quand elle était enfant, Anneke elle-même s’était convaincue que sa mère ignorait tout de ce qu’il lui arrivait dans ces partouzes.
Dans une vidéo, Anneke explique qu’elle a subi un véritable dressage pour apprendre à se comporter dans les rapports sexuels avec les types. Elle explique qu’on l’obligeait à regarder des films, qui décomposaient les réactions des types, leur visage, leurs mimiques, et ainsi « savoir en regardant le visage de quelqu’un ce qu’il aimait ou en regardant son corps ce qu’il aimait sexuellement« . Tout cela, c’était pour l’ « entraîner à être une esclave sexuelle pour l’élite« .
Anneke Lucas Describes How She Was Trained For Child Sex Slavery – (CETV)
Un départ précipité pour sauver sa vie
Anneke Lucas raconte aussi une « soirée » dans une villa en octobre 1974, où elle a cru mourir. L’un des meneurs du réseau avait embarqué plusieurs enfants et adolescents pour torturer minutieusement Anneke, en la saignant littéralement dans ce qui ressemblait à un atelier de boucher. Cela faisait partie de leur endoctrinement, de leur formation… Et puis à un moment, elle s’est rendu compte que d’autres enfants ont été massacrés avant elle dans cette pièce où elle avait été emmenée, et que ce soir-là c’était certainement son tour. Finalement, la séance a été interrompue par un proche de « Pépé ».
Quand elle parvient à se remettre debout, elle se retrouve avec « Pépé », son ami venu la chercher, Patrick et une fillette. Anneke explique que « Pépé » a alors déclaré qu’elle a eu la vie sauve, mais qu’il y avait « un prix à payer ». Il a regardé la petite, de 8 ou 9 ans selon Anneke, et a dit que ce serait elle ou la fillette.
La petite semblait avoir peur et Anneke, qui avait alors 11 ans, ne savait pas trop quoi faire, elle a cherché à gagner du temps et à décrypter ce qu’on attendait d’elle. Il n’y avait pas de choix.
Puis Patrick l’a amenée dans une autre villa près de Bruxelles, où les faits étaient censés se dérouler : Anneke a compris que c’était elle qui devait mourir. Elle est conduite dans un couloir puis dans une pièce avec des fauteuils en demi cercle, de vieux rideaux, où la fillette était nue, attachée sur une chaise de dentiste allongée. Cinq ou six hommes, dont « Pépé » étaient présents pour le spectacle. Patrick a servi un tas de coke sur une table, chacun se sert.
Elle explique que dans les circonstances liées au réseau, elle a toujours choisi de faire la chose qui serait la moins mauvaise. Même sa vie n’avait pas d’importance, car elle pensait mourir de toute façon. Si Anneke n’avait pas fait cela elle-même, elle était certaine que cette fillette aurait été tuée de manière encore plus sadique, avec encore plus sadique.
A travers des bribes de phrases des convives, Anneke comprend que quelque chose a basculé, que Patrick a négocié quelque chose contre sa vie. Elle l’a interrogé, et Patrick lui a répondu « C’est rien. Je vais juste travailler pour Pépé. C’est tout« . Elle comprend que pour éviter que le réseau ne la massacre cette nuit-là, Patrick a négocié avec le chef, avec « Pépé », pour le prendre lui à sa place, comme homme de main prêt à tout.
« Pépé » leur a alors mis un grand rasoir dans les mains. Patrick lui a expliqué comment faire, comment s’y prendre pour que scarifier la fillette soit presque un plaisir, lui a montré comment cet acte était plaisant. C’est bien-sûr resté une torture pour Anneke de faire cela. Jusqu’au moment où « Pépé » lui a tendu un poignard et lui a dit « il suffit de lui couper la gorge« , d’un air négligent. Finalement, Anneke a dû la tuer : « j’ai tué une petite fille. Je suis prête à mourir. Avec ma dernière force je tire l’énorme poignard de sa chair. Je tombe et tout devient noir« . Je résume énormément car ces quelques pages sont difficiles à lire et à résumer.
Mais l’auteure décrit parfaitement la « mise en scène », le « jeu de rôle », comme on pourrait qualifier ce réseau de dingues, l’étau silencieux qui se met en place autour de chacun des personnages, et des enfants victimes surtout. Elle décrit ce qu’il se passe dans sa tête à ce moment-là, le combat intérieur qu’elle mène du haut de ses 11 ans, comme une gamine complètement conditionnée.
Au petit matin, il l’a redéposée chez ses parents. Au moment de la quitter, il lui a fait des recommandations, pour s’en sortir dans l’avenir : il lui a dit de retourner chez sa mère, mais d’en partir dès qu’elle le pourrait, vers 15 ou 16 ans. Et de quitter la Belgique aussitôt que possible. « Dans les années 80, tu ne devras plus être ici, tu dois simplement me croire là-dessus », lui a-t-il dit, « tu dois de déplacer, à Paris, à Londres, et tu dois apprendre l’anglais pour déménager à New York (…) Tu ne dois jamais devenir une prostituée. Ne prends jamais d’argent contre du sexe, ne laisse jamais un amant te donner de l’argent, n’aies jamais de relations sexuelles pour obtenir quelque chose de quelqu’un …« . Il lui a aussi dit de ne jamais acheter de drogue elle-même, et de ne rien faire pour en obtenir. Il lui a dit avec qui se marier, et c’est ce qu’elle a fait aussi.
Enfin, il lui a demandé d’oublier tout cela, de ne jamais parler à personne de tout ce qu’elle avait connu dans le système. Il l’a redéposée chez elle, et ils ne se sont jamais revus.
Au retour au domicile familial, Anneke dit à sa mère pourquoi elle a des marques sur tout le corps. Une fois de plus, celle-ci faisait comme s’il ne pouvait rien y avoir de grave, mais Anneke lui dit « tu sais où j’ai eu ces marques ? C’est arrivé à la soirée. La dernière où tu m’as amenée. Parce que c’est ce qu’il se passe, là. Les enfants sont torturés. Tués, maman. C’est pas pour cela que vous m’avez emmenée là-bas, pour vous débarrasser de moi ? Pour que je sois tuée ?« , explique Anneke Lucas lors de l’entretien.
Et elle a raconté à sa mère que Patrick avait passé un accord, suite auquel elle n’avait plus désormais à aller aux orgies. « Tu n’auras plus d’appel » de Mme X (la mère d’une copine, qui organisait certaines des orgies), « c’est fini« .
Et en effet, il n’y a plus eu d’appels à la maison. Sa mère, une dernière fois, avait fait en sorte de l’emmener, en novembre 1974, quand sa mère l’a ramenée chez cette Mme X, où des gens, quelques artistocrates, l’attendaient, des gens qu’elle savait être parmi les plus sadiques du réseau. Elle a réchappé de justesse à cette soirée au cours de laquelle on lui a tiré dessus.
Mais ensuite, la vie de famille a pris des apparences de normalité, comme s’il n’y avait jamais eu cette période où sa mère vendait Anneke à ce réseau.
La reconstruction
Anneke Lucas raconte qu’elle a démarré une psychothérapie en 1989, à l’âge de 26 ans. Elle dit que c’est seulement là qu’elle a compris qu’elle avait été agressée toute son enfance, et qu’elle a pleuré sans arrêt pendant trois semaines. Puis elle a changé. Mais aujourd’hui encore, elle explique qu’elle doit continuer à se battre par moments.
« Une fille qui est violée par un homme à un jeune âge subit un lavage de cerveau qui lui fait croire que son corps existe seulement pour le plaisir des hommes – qu’elle est un objet à cette fin. Si elle est utilisée dans un but sexuel au lieu d’être aimée correctement, elle est susceptible de confondre le sexe avec l’amour, ou va grandir en croyant que la seule façon dont elle peut être aimée est d’attirer les hommes sexuellement« , m’a expliqué Anneke Lucas lors de notre entretien.
C’est justement là l’objectif « éducatif » de ces milieux capables de vendre leurs enfants, surtout les filles, comme de véritables prostitués, et cela dès le plus jeune âge, y compris dans les « hautes sphères ».
Tout ce qu’elle décrit n’est que violence, il n’y a jamais de respect, jamais de vérités claires et simples. Tout est dans le faux-semblants et le mensonge.
« Je me souviens d’innombrables visages, d’innombrables regards méprisants. Je revois le regard glacé d’un de ces hommes, les débutants maladroits agissant comme si j’étais tellement habituée et eux tellement adolescents, les charmeurs qui cherchaient un contact du regard…« , écrit Anneke Lucas « Je me souviens de ces centaines d’hommes qui sont entrés dans une chambre dans cette villa, et aucun d’entre eux n’a dit : « non, c’est un enfant. Je ne peux pas faire ça. Je suis venu à cette fête mais maintenant je suis seul dans une chambre avec un enfant et je ne peux pas faire cela »« .
C’est à l’âge de 15 ans qu’Anneke Lucas a pu enfin quitter le domicile familial, après une fin de scolarité erratique à trainer dans les cafés plutôt qu’aller en cours. Elle s’est mise en couple avec un type plus âgé, puis l’a quitté un an plus tard. Elle explique que même si elle sortait pas mal, dans les concerts, les soirées entre jeunes, elle a toujours suivi les recommandations de Patrick. A 16 ans elle est partie dans le sud de la France, puis a rencontré son père biologique, un compositeur belge. Mais, explique-t-elle, « je sentais qu’aucune relation n’était possible sans sexe, et nous avons entamé une relation«
En 1982, à 18 ans, elle s’est installée à Londres avec son copain de l’époque, puis à Paris, et en 1986 elle est arrivée à New York comme jeune fille au pair. Elle a démarré une psychothérapie à 26 ans, ce qui l’a amenée à ouvrir les yeux sur son passé, à se rappeler toutes ces choses qui finalement, n’étaient pas normales. Elle s’est aussi raccrochée à la foi, puis a commencé à étudier et à travailler dans le cinéma à Los Angeles.
Elle a coupé le contact avec cette mère qui a toujours cruellement manqué d’empathie et s’est empressée de tenter de tout mettre sous le tapis. Anneke a donc fini par couper les ponts avec elle.
Elle s’est mariée en 1995, a divorcé un peu moins de dix ans plus tard, et entre temps elle a découvert le yoga et a mené une thérapie psycho-analytique assez intensive, qui lui a permis d’aller au fond de son histoire.
Nous sommes alors en 1997. A peine un an plus tôt, l’affaire Dutroux a animé les chroniques à travers le monde et a même fait vasciller l’Etat quand le peuple s’est mobilisé dans des marches blanches et des « comités blancs », fermement résolus à ce que ces atrocités n’arrivent plus jamais.
Quand l’une des survivantes du réseau Dutroux a écrit son livre au moment de ce scandale, Anneke Lucas a contacté des journalistes belges à qui elle a raconté une partie de son histoire. « J’ai aussi rencontré cette survivante, qui a aussi écrit un livre sur son expérience dans le réseau, « Silence ! On tue des enfants », et dont la très bonne mémoire m’a aidée à remettre en place certaines pièces du puzzle sur mon propre passé« , dit Anneke Lucas dans une vidéo. Mais, très vite et grâce notamment à une campagne médiatique contre les témoins et les enquêteurs qui étayaient leurs dires, le pays a été très divisé sur l’existence ou non du réseau. Anneke Lucas a alors choisi de s’écarter de cette histoire pour sa propre santé, et on ne peut que la comprendre.
Elle a continué sa vie, avec le yoga, a eu sa fille, a poursuivi son analyse. Elle a enseigné le yoga, notamment dans des prisons à travers le Liberation Prison Yoga Project.
Si elle a mis si longtemps à parler, c’est parce qu’elle était encore trop traumatisée et effrayée par toutes les menaces et toute la violence qu’elle avait vécus, raconte-t-elle dans une interview de janvier 2017.
Le 20 décembre 2018, la première partie d’une interview vidéo d’Anneke Lucas a été diffusée sur le net. Elle y revenait sur le fait que depuis la première fois où elle s’était exprimée publiquement sur son histoire dans le réseau belge (nous en avions parlé à l’époque) en 2016, elle a reçu des milliers de messages, et a été approchée par des gens qui l’ont aidée à identifier certains de ses abuseurs, dont certains n’étaient pas belges : « Je ne pensais pas que j’avais à faire à des gens étaient si importants, je n’imaginais pas qu’ils étaient sur la scène mondiale« .
Elle explique aussi que le fait pour une de leurs victimes de voir ces tarés à la télé, ou même en photo, rend le souvenir des violences « si vivant et réel« , qu’elle s’est rappelée de viols commis par ces types quand elle avait 10 ans. Elle explique aussi qu’à chaque instant lors des soirées, des partouzes ou quand elle était simplement en présence de ces dingues, elle avait parfaitement conscience que l’un d’entre eux pouvait décider de la tuer. Et qu’elle devait donc faire attention à tout, être en éveil, surveiller chaque comportement.
Anneke Lucas: I Was a Sex Slave to Europe’s Elite at Age 6 (SEQUEL-PART 1) (Human Trafficking)
Dans cette vidéo du 21 décembre 2018, Anneke explique que « Il est facile de dire oui, les politiciens sont corrompus. Mais c’est un peu plus dur de dire de concevoir qu’un politicien qui est corrompu viole et tue aussi des enfants (…) On dit : ‘non, ça je ne peux pas le croire’« . Elle explique que les gens le ressentiraient une telle chose comme une trahison personnelle.
Mais « c’est une addiction« , dit-elle, comme les junkies prêts à n’importe quoi pour recommencer, pour avoir de nouveau un trip. « Ces gens ont un cerveau et une intelligence, et cela les rend les plus dangereux du monde. C’est une addiction au pouvoir. C’est une addiction dont je sais tout, parce que j’été gravement abusée. Je sais ce que c’est que les gens autour rient alors qu’on est au plus mal »
Elle explique son cas de conscience sur le fait de nommer les noms des tarés qui l’ont agressée, qui étaient dans ce réseau. Il y a les risques de poursuites, l’exposition, la sécurité, mais la possibilité, peut-être, de sauver des enfants, de se confronter au besoin de revanche, de révéler l’horreur.
Mais dans le contexte actuel, avec les lois actuelles, il est très risqué de dénoncer personnellement les pervers. « Il y a encore beaucoup de travail à faire, nous n’en sommes qu’au tout début du changement, le tout début où les gens sont vraiment en train de comprendre que… ces ténèbres sont vraiment là. Il y a tellement d’hypocrisie, tellement de mensonges, et toute cette hypocrisie et ces mensonges, nous sommes seulement en train de commencer à les regarder. Ce sont les gens à qui nous avons donné notre pouvoir ».
Anneke Lucas: Why I Won’t Publicly Name Names (SEQUEL-PART 2)
Anneke Lucas intervient beaucoup sur les méthodes qui peuvent aider les victimes, à travers des articles, des conférences, un documentaire… On en retrouve une partie ici (en anglais).
https://theshiftnetwork.com/blog/2018-12-10/anneke-lucas-answers-question
Sur son blog, que je recommande de suivre, elle raconte les faits, analyse aussi beaucoup le fonctionnement du système, de la propagande, et met en perspective certains « faits de société ».
Par exemple, elle explique qu’à 9 ans, elle a entendu une discussion entre un agresseurs et l’un de ses amis, sur l’objectif « sociétal » de sexualiser les enfants. C’était à l’été 1972 sur une île de la côte est. « J’étais désignée comme l’exemple que sexualiser les enfants est bon sur tous les plans, et j’étais décrite comme heureuse (d’être sexuelle) et bien adaptée« , écrit-elle dans un article de son blog.
Elle s’interroge aussi sur la pertinence de la prison dans un système aussi inégalitaire que les Etats-Unis : « l’incarcération de masse est un masque couvrant le véritable problème, vendu par le biais des lois sur les drogues, et même si nous nous réveillons lentement et réalisons de quoi il s’agit, le problème n’a pas encore eu la révolution qu’il mérite« .
Anneke Lucas a également lancé un mouvement pour lutter contre le proxénétisme de mineures à New-York, en agissant par exemple sur les hôtels, où on laisse trop souvent entrer des mineures seules avec des types en pleine nuit.
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Il est crucial que la parole des victimes, qu’il s’agisse de victime d’inceste, de viols, ou même d’abus commis par des réseaux, y compris si ceux-ci impliquent des « élites », puisse se libérer.
Pour ne parler que des réseaux pédocriminels d’élite, comme celui dont parle Anneke Lucas, les victimes sont nombreuses. Et beaucoup ont besoin, envie de parler, mais elles ne le peuvent pas car comme le dit Anneke, les risques sont grands. Certains témoins sont assassinés, d’autres réduits à l’état de loques, traqués, attaqués médiatiquement ou en justice, s’ils montrent la moindre velléité de dénoncer quoi que ce soit.
Ceux qui parlent font preuve d’un grand courage et, il faut le dire, d’une certaine abnégation. Ces témoignages doivent être diffusés afin de permettre aux citoyens de comprendre ce qu’il se passe réellement dans les coulisses, et qui occupe les plus hautes fonctions de nos pays soi-disant « civilisés ».
Beaucoup de victimes ont par ailleurs beaucoup de mal à gérer avec l’impunité des pervers- quoi de plus normal… Et les enfants d’hier grandissent. Le besoin de vérité fait monter la pression, et la chape de plomb va certainement finir par sauter. Mais d’ici là les gens doivent comprendre qu’à l’heure où on écrit et lit ces lignes, des enfants sont victimes de ces réseaux, en France comme ailleurs.
Source : http://dondevamos.canalblog.com/archives/2019/03/03/37147522.html
Approfondir :
L’affaire Dutroux et la myriade de témoins morts : un cas d’école pour illustrer la puissance du réseau pédocriminel institutionnel
Affaire Dutroux : la rétrospective révoltante et censurée (56min), tout a été falsifié…
Dutroux n’est que la petite main d’un réseau immense de personnalités haut placées en mesure de faire étouffer la vérité
Archive rare déconfinée : Les LOGES SATANIQUES (doctrine, pratiques, témoignages)
Les films de meurtres et tortures réels d’enfants : une épouvantable réalité !
Merci pour cet article. Malheureusement, les cérémonies telles que les décrit Anneke Lucas, dans lesquelles les enfants, qui font partie de l’élite de ce monde, participent en étant conscients, sont très minoritaires. La réalité est que l’immense majorité des victimes des réseaux de pédo-prostitution ont été violées après avoir été droguées et ne se souviennent de rien. À part moi-même, je connais personnellement trois victimes dans ce cas, et il y en a, j’en suis convaincu, beaucoup beaucoup plus que le grand public, y compris les gens comme vous un peu mieux informés que la moyenne, ne l’imaginent. Je suis également convaincu que nombre de célébrités sont droguées et prostituées à leur insu.
Je dénonce ce que je sais sur Youtube et Instagram. N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions.